Elle a à peine un mois, un sourire presque Ultra Brite, mais surtout un regard capable de désarçonner l’individu le plus sûr de lui.

Elle, c’est Gaze, un robot mis au point par les équipes de Disney Research et les chercheurs de Caltech, et qui s’appuie sur une caméra 3 D pour adapter son comportement à celui de son interlocuteur. Si la prouesse technique permet au robot de lever les yeux au ciel aussi naturellement qu’un être humain, elle met mal à l’aise. On est en plein dans la « vallée dérangeante », une théorie énoncée pour la première fois en 1973, selon laquelle plus un robot androïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses.

Du coup, on se pose la question : un robot doit-il nécessairement nous ressembler, comme veut encore le croire le roboticien japonais Hiroshi Ishiguro qui a dessiné Erica, l’héroïne du futur film de science-fiction b, ou bien jouer avec nos émotions, comme s’y emploie la créature française Spoon.ai, ou encore seulement nous soulager de tâches répétitives ?
Se limiter à cette dernière fonction aurait certes le mérite de rendre hommage à l’étymologie du mot robot – robota signifie corvée, en tchèque –, comme l’explique la chercheuse à l’université de Colombie-Britannique Karon MacLean, mais réduirait singulièrement le champ de nos possibles.
